Dr El Hassane Tazi, chirurgien-plasticien : «L’affaire des PIP, n’a pas dissuadé les femmes envers les implants mammaires»
Dr El Hassane Tazi : Selon les statistiques du département de la Santé et de la Société de pharmacovigilance, et les discussions entre les plasticiens, le nombre des prothèses PIP qui ont été vendues et probablement placées serait à peu près de l’ordre d’une cinquantaine, voire une centaine au pire des cas. D’ailleurs, les salariés de l’entreprise qui commercialisait les prothèses PIP au Maroc, vont dans le sens d’une cinquantaine. Et les plasticiens qui les ont placé ne sont pas très nombreux non plus. Ce qui est important c’est que pour l’heure, nous n’avons eu aucune défection au Maroc de l’une ces prothèses. Bien que l’entreprise Icorpharm, qui n’existe plus maintenant, a commencé à les commercialiser dès 2005.
Le nouveau ministre a préféré jouer franc jeu en publiant un communiqué, qu’en est-il au juste ?
Le ministère a agit comme il se doit. Il s’est réuni le 26 janvier, avec les platiciens-chirurgiens et il y a eu un consensus pour prendre en charge les patientes porteuses de ces prothèses. Cela veut dire que les patientes ne sont pas laissées dans le flou, elles ne sont pas abandonnées à leur propre sort. Elles peuvent s’adresser directement à leur médecins sinon, il y a un numéro vert (0800 180) qui est mis à leur disposition pour poser toutes les questions. Mieux, de cette réunion, on est sorti avec une décision très honorable pour les plasticiens marocains. Ces derniers s’engagent à extirper ces implants gracieusement. Cela veut dire que les patientes ne doivent en aucun cas s’alarmer.
Mais, cela voudrait également dire, que le plasticien y gagne, puisque le retrait implique forcément de placer de nouveaux implants, une intervention qui coûte entre 25 000 et 30 000 DH, corrigez-moi si je me trompe ?
Il y a un certain nombre de plasticiens qui ont déclaré ne jamais avoir placé des implants de cette marque et j’en fais partie. Je n’en ai jamais placé. Je connaissais personnellement Jean-Claude Mas, le directeur de l’entreprise à l’origine de ce scandale. C’est quelqu’un qui était plus dans les prothèses d’extension, ensuite il a basculé dans la prothèse mammaire. Donc, c’était difficile de le suivre. C’était un sentiment, une intuition. Pour revenir à la question de replacer des prothèses après avoir retiré celles qui sont défectueuses. Il ne faut pas chercher que des gagnants ou des perdants. La patiente ne paie que les prothèses, elle est gagnante quelque part, parce qu’il y va de sa sécurité d’abord.
A qui incombe la responsabilité dans cette affaire, ce n’est pas parce que ce sont des produits estampillés CE et qu’on doit les admettre sans le moindre recul ?
Certainement pas aux plasticiens. On ne peut pas non plus incriminer le département de la Santé. Parce que les choses se sont faites dans les normes, il a fallu près de quatre mois avant d’autoriser cette entreprise à importer ces implants. Nous avons des conventions avec l’UE, on aurait pu tomber sur une prothèse parfaite avec une silicone conforme. Car le problème vient justement d’une silicone non médicale. D’autant plus, que l’entreprise était basée en Allemagne et travaillait dans des conditions conformes à la réglementation. Ce sont des produits comme vous dites portant le marquage CE, ils ont été vendus partout. En France (30 000 cas), en Allemagne, en Belgique, au Canada, au Brésil, au Mexique, etc., des pays qui ont une pharmacovigilance assez pointue. Ce sont plusieurs milliers de prothèses PIP qui ont été vendues et placées dans plusieurs pays de par le monde. Les USA est le seul pays où ces prothèses n’ont pas été vendues.
Source : lnt.ma